BOULMERKA Hassiba

Née le 10 juillet 1968 à Constantine

1,54m - 52 kg

Spécialité: 1500m

Entraineurs : BOURAS Amar - LABED Aboud

Clubs: CS Constantine - CR Belcourt

Le premier titre olympique pour l'Algérie c'est elle.

Généreuse, Boulmerka a su se hisser au niveau des espoirs investis en elle. Elle explose à Tokyo, redonnant quelques couleurs à un automne qui s'annoncait aussi monotone que chaud. De cette chaleur qui vous terrasse un homme...et presque un pays. On la devine terrible cette pression sur les épaules d'un bout de femme dont la lourde cape de symbole qu'on lui a généreusement mis sur les fréles épaules semble gêner. Et même empêchée de vivre comme une sportive. De meeting en conférence, de réceptions en discours, y a-t-il place alors pour le sport? Et pourtant elle ne veut faire que ça, elle n'aime que ça, la Boulmerka. Depuis sa tendre adolescence quand, sans efforts apparents, elle surclassait dans les scolaires ses petites camarades.

Boulmerka et Morcelli (nés sous la même étoile): le régne algérien sur le 1500m mondial

LABED, son enseignant en EPS, remarqua tout de suite ses qualités d'endurance et de vitesse. Elle confirme ces belles prédispositions aux Jeux nationaux sportifs de 1985. Mais jusque-là, la fille Boulmerka n'était connue et reconnue que par ses proches. Et ca suffisait à son bonheur. Mais voila, il y a les championnats d'Afrique de l'été 1988 à Annaba. Eclate alors cette jeunesse de 20 ans qui devient double championne d'Afrique du 800m et 1500m. Rien que ça. Quelle douce surprise pour le public sportif qui découvre l'héritière de Sakina BOUTAMINE! Elle quitte Constantine et le MOC, où elle est restée deux ans, pour mettre son savoir entre les mains du CRB avant d'etre prise en charge par son gourou Amar BOURAS, un jeune conseiller dont le passage à l'ISTS (Institut des Sciences et de la Technologie du Sport) lui a permis d'acquérir un capital qu'il a su matérialiser.

L'entraineur Amar BOURAS évalua tout de suite les qualités de son athlète: bonne base en endurance, bonne base technique, un bon mental pour affronter la haute performance, discipliné et ne désirant que travailler pour avancer plus. Seule insuffisance mais gommable: pas de base en force spéciale. Tout pour faire penser à son entraineur qu'il pourrait la classer dans les dix meilleures mondiales. Ils travailleront alors ensemble tendus vers un seul objectifL les Jeux Olympiques de Barcelone. Tout ce qui viendra dans l'intervalle sera le bienvenu bien sûr. Commence alors la progression. De 4'10" au 1500m de Séoul, elle descend en 1991 a 4'00", un temps qui la place dans la cour des grandes. Et voici les Jeux Méditerranéens d'Athènes. A quelques milliers de kilomètres d'une Algérie engloutie dans un été aux odeurs de poudre, une frêle jeune fille lui offre deux médailles d'or dans le 800m et le 1500m. Les temps étaient modestes (2'01"27 au 800m et 4'08"17 dans le 1500m) mais qu'importe si la couleur des médailles symbolise le triomphe et la santé.

Deux mois plus tard, c'est la folie de Tokyo, prélude à la première médaille d'or olympique du sport algérien depuis l'indépendance. Les Algériens ont enfin leur premier champion du monde. On rêvait d'un titre en foot-ball et ce fût la course à pied qui va prouver que les résultats obtenus avant l'indépendance par des coureurs algériens sacrés champions olympiques au nom de la France ne sont pas le fruit du hasard. L'Algérien est bel et bien un grand demi-fontiste. Et il va le prouver le lendemain même de la victoire de Boulmerka quand MORCELLI Nouredine imite sa consoeur et gagne sur la même distance le titre mondial. En ajoutant la médaille de bronze de BRAHMI Azzedine au 3000m/steeple et la 5e place de AZZIZI Yasmina à l'héptathlon, on va s'apercevoir que jamais l'Algérie n'a été à pareille fête.

Avec l'équipe d'Afrique lors de la Coupe du Monde en 1994

La veille de l'historique victoire, au village olympique, la championne a veillé jusqu'à minuit. Et comme certains dirigeants s'inquiétaient de l'état dans lequel elle pourrait se retrouver sur la piste, elle balaye toutes les craintes avec une répartie qui fait saliver tous les présents. Qu'a-t-elle dit? Simplement ceci: "Je fête d'avance ma médaille d'or!" Prémonitions? Mieux: promesses de championnes. Car regardez-la décrocher cette première médaille d'or avec un temps superbe à la clé: 3'55"30, la meilleure performance de l'année et cinquième temps mondial de l'histoire du 1500m féminin. Là voilà à 24 ans devenue légende (dixit H.GRINE) .

La victoire aux JO de Barcelone en 1992

Et c'est ne pas être juste envers cette trés grande athlète, la glus grande que l'Algerie indépendante ait connu, que de ne pas parler de son deuxième titre de championne du monde en 1995 aprés la troisième place obtenue aux CM de 1993 et aussi de la première place à la Coupe du Monde de 1994 et les nombreux titres arabes, méditérranéens et africains.

A vrai dire, cette victoire de 1995 était innatendue aprés l'échec de 1993 survenu juste aprés une attaque sans pareille d'une certaine partie de la presse algerienne contre Hassiba pour cause d'une erreur de débutante survenue lors de la finale des JM au Languedouc Roussillon (France) en 1993. Ce jour-là, Hassiba avait sous-estimé une concurrente francaise et a perdu la medaille d'or aux derniers millimètres de la course aprés s'être relevé pensant avoir course gagnée. Et c'est ce geste inutile "rejoins-moi si tu peux!" fait par la main à la concurrente francaise qui a provoqué l'ire des journalistes et du public en général.

Hassiba, trés mal en point moralement, perd son titre mondial quelques semaines aprés cela et se contente du bronze. Et s'est à ce moment-là qu'elle s'est juré de reprendre son du et de montrer au monde que BOULMERKA est toujours là. Et la victoire des CM de 1995 est venue au bon moment.

Les pleurs aprés sa victoire aux CM 95'

Les Jeux Olympiques d'Atlanta marquent le début de la fin de la carrière trés riche de l'enfant de Cirta. Une blessure et un accrochage lors d'une série du 1500m aux JO de 1996 ont eu raison de la volonté et de la rage de vaincre de Hassiba qui avait pourtant quelques années devant elle car étant toujours jeune (28 ans seulement). Mais le haut niveau demandant beaucoup de sacrifices et l'état de santé des parents de Hassiba ont fait qu'elle n'en pouvait plus et que c'était vraiment le moment pour elle de décrocher. Et le regret est plutot pour ses fans qui se comptent par millions.

Article de Hamid Grine paru dans l'Almanach du Sport Algérien

Boulmerka reçue par le Président Cubain Fidel CASTRO

PALMARES

-1e aux C.Arabes cross juniors 86'

-80e aux CM séniors de cross 86' alors qu'elle est junior.

-6e en demi-finale des CM juniors 86' (800m en 2.07.51)

-1e au C.Arabe 87' (2'10"19 au 800m) et 3e (4'32"53 au 1500m)-89'

-Participation aux JO 88' (800m et 1500m)

-7e en Coupe du Monde 89' au 800m

-1e au C.Magh 90' (2'04"05 au 800m et 4'21"48 au 1500m)

-1e aux CM 91' (4'02"21 au 1500m)-95' (4'02"42 au 1500m) et 3e en 93' (4'04"29 au 1500m)

-1e aux JO 92' (3'55"30 au 1500m) et participation aux JO 96' (abandon en pleine course aprés avoir été

bousculée en 1/4 de finale)

-1e en Coupe du Monde 94' (4'01"05 au 1500m)

-1e aux C.Afr 88' (800 en 2'06"16 et 1500m en 4'12"14)-89' (800m en 2'06"80 et 1500m en 4'13"85)

-1e aux JM 91' (800m en 2'01''27 et 1500m en 4'08''17)-1e aux JM 93' (800m en 2'03''86) et 2e (1500m en

4'11''09)

-Recordwoman d'Afrique en 90' (4'05"02 au 1500m)-91' (4'20"79 au Mile et 4'00"00 au 1500m)-92' (3'55"30 au

1500m)

-34e mondiale en 89' (2'00"21)-11e en 90' (4'05"02)-2e en 91' au 1500m (4'00"00) et 11e au 800m (1'58"72)-1e
en 92' (3'55"30)-20e en 93' (4'04"29)-4e en 94' (4'01"05)

Boulmerka en compagnie de son coach BOURAS Amar (à gauche) et son coéquipier d'entrainement BRAHMI Azzedine (médaillé de bronze aux CM 91' au 3000m/steeple)